Au Maroc, Casablanca et sa région en complète mutation urbaine

(Article initialement publié sur Apache en Français le 18 février.)

Depuis plusieurs décennies, le littoral atlantique du royaume marocain connaît un accroissement et une concentration de population de plus en plus importante. La région du Grand Casablanca, véritable coeur économique du pays, se doit de trouver des solutions notamment face aux défis imposé par l’important exode rural que connaît la région.

Et ce phénomène ne semble pas prêt de s’arrêter au regard des prévisions démographiques pour les années à venir:

Ces prévisions, sur un écart de 26 ans entre 2004 et 2030, sont fournies par l'Agence Urbaine de Casablanca

Ces prévisions, sur un écart de 26 ans entre 2004 et 2030, sont fournies par l’Agence Urbaine de Casablanca

Un attentat comme électrochoc

Nourrir, héberger, scolariser, soigner et administrer une population croissante n’est pas une mince affaire pour les autorités locales. Ceci implique de leur part un effort particulier afin de traiter les nouveaux arrivants, majoritairement originaires des campagnes avoisinantes. Nombreux d’entre eux appartenant d’ailleurs bien souvent aux classes sociales les plus démunies du Maroc.

Pour comprendre l’impulsion des changements en cours dans le Grand Casablanca, il faut remonter quelques années en arrière. Le 16 mai 2003, 14 kamikazes islamistes provenant du bidonville de Sidi Moumen se faisaient exploser dans divers endroits de la métropole, causant la mort de 45 personnes et en blessant une centaine d’autres.

C’est au lendemain de cet attentat terroriste que le roi Mohammed VI a initié un vaste programme visant à rendre la métropole et sa périphérie davantage sécuritaire, moderne et attractive. Le premier plan d’urbanisme de la ville datait du tout début du 20ème siècle, période du protectorat français. Aujourd’hui, l’aménagement du territoire de la région est en passe de se métamorphoser.

Ambitions

Un schéma directeur d’aménagement urbain a été homologué en janvier 2010. Sous le contrôle de l’Agence Urbaine de Casablanca, ce programme a l’ambition de porter la cité économique au rang des grandes métropoles mondiales à l’horizon de 2030.

Ce projet englobe non seulement Casablanca, mais aussi ses pôles urbain périphériques. Mohammedia, considérée comme ville secondaire de Casablanca, ne se trouve qu’à une trentaine de minutes en voiture du centre de la métropole. D’une importance non négligeable, Mohammedia compte une dizaine de quartiers cibles qui bénéficient également du schéma directeur d’aménagement urbain.

Derb Marrakech (qui signifie « Notre Marrakech ») est l’un de ces quartiers populaires de Mohammedia qui devrait, à terme, se métamorphoser. Appareil photo dans une main, carnet de notes dans l’autre, on a été y faire un tour.

La nouvelle corniche en bordure de la mosquée Hassan II, est un des espaces déjà réaménagé. Casablanca. (Photo: Benoît Theunissen/ 2012/ Pour Apache)

La nouvelle corniche en bordure de la mosquée Hassan II, est un des espaces déjà réaménagé. Casablanca. (Photo: Benoît Theunissen/ 2012/ Pour Apache)

En 20 photos, le Grand Casablanca à l’aube du changement

(Reportage photo initialement publié sur Apache en Français le 20 février 2013)

Le Maroc a l’ambition de changer le visage d’une de ses principales villes: Casablanca, ainsi que celui de toute sa région. Soumise à une forte pression démographique, cette partie du littoral marocain a été repensée par les autorités du pays. Mohammedia, considérée comme la ville secondaire de Casablanca, compte une dizaine de quartiers cibles qui bénéficient de ce projet de réaménagement urbain.

Derb Marrakech est l’un d’eux. Au premier coup d’oeil, il ressemble à n’importe quel quartier populaire du Grand Casablanca: les problèmes liés
 au chômage, à l’analphabétisme, au faible niveau de scolarisation, à la criminalité et à l’insalubrité de beaucoup de bâtiments ne sont pas rares.

Ces maux
 ont beau
 être nombreux, certains habitants gardent toujours foi en leur capacité de changement. En assurant une relative stabilité de vie, leurs efforts se répercutent à l’ensemble du quartier. Les Derb Marrakchis rêvent de voir 
un jour leur quartier devenir aussi florissant que la ville de Marrakech.

1. Toutes les maisons de Derb Marrakech sont construites selon la trame de l’architecte françaisMichel Ecochard. Le Protectorat français a fait appel à lui au lendemain de la seconde guerre mondiale afin de trouver une solution à l’afflux massif de nouvelles populations fuyant la campagne. Aujourd’hui, les habitations ont perdu leur cachet d’antan. Elles abritent toutes les générations d’une seule famille.

Une rue dans le Derb Marrakech, Maroc. (Photo: Benoît Theunissen, 2012)

Une rue dans le Derb Marrakech, Maroc. (Photo: Benoît Theunissen, 2012)

2. La revitalisation des habitations 
reste une priorité majeure pour les associations du quartier. Les frais
 de chantier sont principalement couverts par la société civile. Une participation financière marginale 
est demandée aux propriétaires des maisons restaurées. Malgré tout, certains habitants ont des réticences à débuter un tel processus.

Quatre hommes dans l'embrasure d'une porte, Derb Marrakech. (Photo: Benoît Theunissen, 2012)

Quatre hommes dans l’embrasure d’une porte, Derb Marrakech. (Photo: Benoît Theunissen, 2012)

3. La rue demeure un lieu de vie incontournable. Des bruits de jeux d’enfants, qui n’ont pas d’autres endroits pour s’épanouir, y résonnent du matin jusqu’au soir.

Trois enfants jouent à vélo dans la rue, Derb Marrakech. (Photo: Benoît Theunissen, 2012)

Trois enfants jouent à vélo dans la rue, Derb Marrakech. (Photo: Benoît Theunissen, 2012)

4. Les conditions de travail sont dures pour Abdelkader. Nombre de citoyens cherchent des petits boulots et les possibilités ne manquent pas. Certains choisissent de veiller sur les voitures la nuit, d’autres préfèrent tenir un kiosque, ou d’autres encore deviennent marchands ambulants.

Un homme cuisine derrière une échoppe ambulante, Derb Marrakech. (Photo: Benoît Theunissen, 2012)

Un homme cuisine derrière une échoppe ambulante, Derb Marrakech. (Photo: Benoît Theunissen, 2012)

5. Les autorités de Mohammedia organisent chaque année des réunions avec la société civile. Ces réunions s’inscrivent dans l’application du Schéma directeur d’aménagement urbain de la région du Grand Casablanca (SDAU), un programme qui ambitionne de préparer la région aux défis urbains de demain.

Une réunion de quartier dans le cadre de l'application du schéma directeur d'aménagement urbain, Derb Marrakech. (Photo: Benoît Theunissen, 2012)

Une réunion de quartier dans le cadre de l’application du schéma directeur d’aménagement urbain, Derb Marrakech. (Photo: Benoît Theunissen, 2012)

6. Les associations actives dans les quartiers populaires sont toujours
 à la recherche de partenariats. Ici,
 à Marrakech, Younes, le président de l’association Derbna, rencontre les représentants d’une association de ferronniers. Les partenariats sont indispensables en raison du peu de moyens.

Trois hommes du monde associatif du quartier discutent afin de mettre en place de futures collaborations, Derb Marrakech. (Photo: Benoît Theunissen, 2012)

Trois hommes du monde associatif du quartier discutent afin de mettre en place de futures collaborations, Derb Marrakech. (Photo: Benoît Theunissen, 2012)

7. Les habitants de Derb Marrakech désertent les magasins de leur quartier. Ils s’approvisionnent au marché permanent voisin, la joutia, qui pratique des prix plus compétitifs.

Un marchand de volailles derrière son étale, Derb Marrakech. (Photo: Benoît Theunissen, 2012)

Un marchand de volailles derrière son étale, Derb Marrakech. (Photo: Benoît Theunissen, 2012)

8. Hicham est considéré comme l’artiste du quartier. D’abord formé aux arts traditionnels marocains, 
il offre aujourd’hui ses talents aux commercçants et habitants de Derb Marrakech, bien souvent gratuitement.

Hicham travaillant sur une vasque, Derb Marrakech. (Photo: Benoît Theunissen, 2012)

Hicham travaillant sur une vasque, Derb Marrakech. (Photo: Benoît Theunissen, 2012)

9. Abdellatif est le coiffeur du quartier. Son père tenait déjà le salon qu’il occupe aujourd’hui. Il profite d’un ancien contrat de bail et travaillait encore sans eau courante ni électricité jusqu’il y a peu. Abdellatif arrive tout juste à subvenir à ses besoins.

Abdellatif discute dans son salon de coiffure, Derb Marrakech. (Photp: Benoît Theunissen, 2012)

Abdellatif discute dans son salon de coiffure, Derb Marrakech. (Photp: Benoît Theunissen, 2012)

10. Aziz prend place au même endroit, chaque soir, après le coucher du soleil. Il vend des cigarettes au détail en bord de rue. Comme seul repas, il boit le soir un yogourt et un café.

Aziz assis dans un café, Derb Marrakech. (Foto: Benoît Theunissen, 2012)

Aziz assis dans un café, Derb Marrakech. (Foto: Benoît Theunissen, 2012)

11. Fréquentées par de nombreux adolescents en décrochage scolaire, les salles de jeux sont à la fois proscrites par la loi marocaine et par la religion musulmane. Même si les jeux proposés ne sont pas des jeux d’argent, ils peuvent devenir sources de paris. Toutefois, les autorités ne sont pas dupes de l’existence de ces lieux. Elles ferment les yeux.

Une personne devant une console de jeux, Derb Marrakech. (Photo: Benoît Theunissen, 2012)

Une personne devant une console de jeux, Derb Marrakech. (Photo: Benoît Theunissen, 2012)

12. Une promenade nocturne dans les rues des quartiers populaires de Mohammedia peut révéler un symptôme d’une génération: le haschich.

Un jeune homme fume du haschich, Derb Marrakech. (Photo: Benoît Theunissen, 2012)

Un jeune homme fume du haschich, Derb Marrakech. (Photo: Benoît Theunissen, 2012)

13. La télévision est omniprésente, quelles que soient les habitations 
et les différences sociales. Les chaînes arabes rythment la vie quotidienne de tous les foyers, À l’extérieur dans les quartiers plus aisés, on préfère les chaînes françaises.

Une femme, de dos, tournée vers son écran de télévision, Derb Marrakech. (Photo: Benoît Theunissen, 2012)

Une femme, de dos, tournée vers son écran de télévision, Derb Marrakech. (Photo: Benoît Theunissen, 2012)

14. Sept heures du matin précises. Issam attend assis dans la rue les jeunes qui, comme lui, ont choisi un job de vacances dans la revitalisation de leur quartier. Un travail encadré par une association locale.

Issam assis sur le bord d'un trottoir, Derb Marrakech. (Photo: Benoît Theunissen, 2012)

Issam assis sur le bord d’un trottoir, Derb Marrakech. (Photo: Benoît Theunissen, 2012)

15. Les jeunes de Derb Marrakech trouvent une échappatoire dans 
le sport. Ils profitent d’installations aujourd’hui vétustes, construites à l’époque du Protectorat français. Ce terrain de sport rentre normalement dans le cadre du Schéma directeur d’aménagement urbain de la région du Grand Casablanca. Un budget devrait être alloué à sa modernisation. Reste à savoir qui va s’en occuper.

Un terrain de sport dans le Derb Marrakech. (Photo: Benoît Theunissen, 2012)

Un terrain de sport dans le Derb Marrakech. (Photo: Benoît Theunissen, 2012)

16. Des enfants tiennent un petit commerce en bord de rue. C’est
 une habitude pour les jeunes enfants d’imiter l’épicier du coin. Les périodes de fêtes, comme ici le Ramadan, sont propices à ces petits commerces.

Des enfants jouent à l'épicier, Derb Marrakech. (Photo: Benoît Theunissen, 2012)

Des enfants jouent à l’épicier, Derb Marrakech. (Photo: Benoît Theunissen, 2012)

17. Cette femme épaule son mari dans son activité professionnelle. Elle lave les pattes de boeuf passées dans le feu pour en ôter les poils. Elles seront vendues pour ensuite servir de repas. La  majorité des femmes reste normalement à la maison.

Une femme nettoie des pattes de boeuf, Derb Marrakech. (Photo: Benoît Theunissen, 2012)

Une femme nettoie des pattes de boeuf, Derb Marrakech. (Photo: Benoît Theunissen, 2012)

18. A quatorze ans, Nabil a toujours habité Derb Marrakech. Tout comme lui, les jeunes ne sortent que rarement de leur quartier natal. Ici, à Marrakech, son regard curieux se pose sur tout ce qui l’entoure.

Nabil entouré de chaussures, Derb Marrakech. (Photo: Benoît Theunissen, 2012)

Nabil entouré de chaussures, Derb Marrakech. (Photo: Benoît Theunissen, 2012)

19. Mustapha habite Derb Marrakech, mais il tient une echoppe dans un quartier populaire voisin. On peut se demander comment il arrive à vendre ses vieux stocks d’audio. Et pourtant, il parvient à réaliser un bon chiffre d’affaires journalier. Avec une politique de micro-credits et des conseils en gestion, l’economie locale pourrait croître et se diversifier.

Mustapha dans son commerce, Derb Marrakech. (Benoît Theunissen, 2012)

Mustapha dans son commerce, Derb Marrakech. (Benoît Theunissen, 2012)

20. Aziz vit en marge de la société. Ses journées, il les passe dans la rue et dans des petits boulots lorsqu’il en trouve. Il n’a pas de papiers d’identité. S’en procurer n’est pas une dépense prioritaire, il lui faut d’abord survivre. Les zones de vie comme Derb Marrakech sont des quartiers touchés par l’exclusion sociale.

Aziz dans le Derb Marrakech. (Photo: Benoît Theunissen, 2012)

Aziz dans le Derb Marrakech. (Photo: Benoît Theunissen, 2012)

L’armée belge possède ses propres drones, mais à quoi servent-ils? [Diaporama sonore]

(Objet multimedia initialement publié sur Apache en Français le 9 janvier 2013)

La presse internationale relate régulièrement les faits de guerre menés par les drones américains à l’intérieur des frontières pakistanaises. Mais l’armée belge possède également ses propres avions sans pilotes, dont certains volent au-dessus de nos têtes.

L’adjudant-chef Briot a pour mission de gérer la position de l’aéronef en vol depuis une station de contrôle au sol. (Photo: Benoît Theunissen, 2012)

L’adjudant-chef Briot a pour mission de gérer la position de l’aéronef en vol depuis une station de contrôle au sol. (Photo: Benoît Theunissen, 2012)

Utilisés pour des missions d’un tout autre genre que celles de leurs semblables américains, les drones belges n’embarquent aucun système létal et sont le plus souvent déployés dans l’espace aérien national qu’à l’étranger. Leurs tâches principales restent la reconnaissance et la surveillance  de zones du territoire. Apache est allé à la rencontre du 80 UAV Squadron de la Défense.

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