Pourquoi la BCE ne peut pas prêter aux Etats de l’UE?

(Papier écrit en langage parlé et très synthétique car diffusion initiale pour une chronique radio)

Les Etats sont endettés. C’est entre autres parce que pour se financer, ils doivent emprunter de l’argent aux banques, à des banques privées et non plus à la Banque Centrale Européenne (BCE). Les banques privées fixent elles-mêmes le taux d’intérêt des emprunts. Quand les Etats empruntaient aux banques centrales dans le passé, ils profitaient de taux d’intérêts bas. Depuis déjà vingt ans, la BCE ne peut plus prêter aux Etats membres de l’Union Européenne.

C’est l’une des conséquences du Traité de Maastricht. Dés le début des années 90, les Etats de l’Union Européenne n’ont plus pu emprunter auprès de leurs banques centrales nationales. Toutes les banques centrales, aujourd’hui regroupées au sein de la BCE, ont perdu leur rôle de prêteur aux Etats. Et cela, au profit des banques privées.

Pourtant, rien de bien nouveau

Le Traité de Maastricht en 1992 n’a rien inventé en interdisant à la Banque Centrale Européenne de prêter aux Etats membres. En France, une telle décision existait déjà à partir de 1973. Une loi qui interdisait à la Banque de France de financer le déficit public français. On assiste alors à un véritable virement de bord d’idéologie en matière de politiques économiques. Pour le comprendre, rappelons-nous la fin de la période des Trente Glorieuses. Période de croissance économique suivie d’une crise. Et période aussi de remise en cause des politiques d’ingérence de l’Etat dans les affaires économiques. Des dirigeants politiques de philosophie néo-libérale arrivent à la tête des Etats européens dés le milieu des années septante.

Et aujourd’hui?

De nombreux politiciens européens s’insurgent parfois contre cette interdiction. Certains d’entre-eux voudraient modifier les statuts de la Banque Centrale Européenne. Malgré une ferme opposition, changer les statuts de la Banque Centrale Européenne est pour l’instant presque “mission impossible”. Ses statuts sont protégés par les Traités européens. Et tout spécialement par le dernier en date : le Traité de Lisbonne (article 123), entré en vigueur en 2009. Et c’est sans compter la levée de boucliers du côté des partenaires allemands que provoquerait une pareille décision.

Diary of a journalistic week at the European parliament of Strasbourg

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