DENIS ROBERT: UN JOURNALISTE QUI TÂCHE DANS LA LESSIVEUSE FINANCIÈRE

L’ancien journaliste français Denis Robert a tenu une conférence à Bruxelles. Huit années d’investigation dans l’affaire Clearstream. Sa victoire devant les tribunaux a représenté une véritable succès pour la presse.

Depuis 2008, Denis Robert mesure au strict minimum ses interventions dans la presse et en public. Dans une capsule vidéo publiée sur son blog La domination du monde, il y explique sa stratégie qu’il n’a plus cessé d’adopter face aux attaques juridiques des banques.

« J’ai subi un véritable harcèlement », explique l’ancien journaliste, « j’ai reçu 62 fois la visite de huissiers chez moi. » Ainsi, il a décidé de ne plus répondre aux multiples attaques de certaines banques qui l’accusaient de diffamation.

Le montant global de sa défense s’élève à 150.000 €. Grâce à un comité de soutien, il n’a dû payer que 30.000 € de ses propres deniers. Le soutien qu’a pu recevoir Denis Robert de toutes parts n’a pas été que financier. Quelque 500 journalistes lui ont envoyé leur carte de presse en moins d’un mois, en signe de soutien à sa cause. Le 2 février dernier, la Cour de Cassation française a finalement donné raison à Denis Robert. Il reste néanmoins sceptique : « A quoi ça sert de gagner si rien ne change ? »

L’invité de la conférence ne s’est pas attiré que des admirateurs dans le monde de la presse. « J’avais trois types de détracteurs », a-t-il affirmé. Les premiers provenaient de la sphère des journalistes d’investigations qui préfèrent « privilégier leur notoriété au profit de l’information », a-t-il clamé. Dans un second temps, Denis Robert s’est vu discrédité par le journal Le Monde. Ça lui a valu une méfiance auprès de la presse étrangère. Finalement, les avocats d’affaire français employés par Clearstream ont représenté pour lui la plus grande menace.

Selon le romancier français Denis Robert, le champ d’action d’un homme politique reste limité puisqu’il « fait de la politique. »L’homme a encore un arrière goût amer lorsqu’il parle d’une commission parlementaire qui aurait pu avoir lieu en 2001. Le commissaire européen hollandais Frits Bolkestein a refusé d’autoriser une commission parlementaire sur l’affaire Clearstream. Denis Robert le regrette : « Une commission parlementaire européenne a davantage de pouvoir qu’une commission de parlementaires nationaux. » L’eurodéputé hollandais Paul Van Buitenen s’est insurgé en mai 2005 de la présence de F. Bolkestein dans le conseil consultatif de la Menatep, établissement bancaire russe connu pour ses collusions mafieuses. Le député européen a également démontré que l’ancien commissaire a rendu des travaux à Shell. Les deux sociétés possédaient alors des comptes non-divulgés auprès de Clearstream.

Denis Robert a insisté : « Le système des agences de compensation n’est pas mal en soi. » A la base, tous les comptes étaient publiés. Il a fallu au début des années 80 qu’une banque italienne demande à Clearstream d’obtenir des comptes non-publiés. Des dérives sont rapidement arrivées. « Très vite, des mafieux ont compris comment profiter du système », a précisé le conférencier. Le système s’est retrouvé perverti et a favorisé l’émergence d’économies parallèles.

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