La fin inéluctable de « l’écosystème médiatique »

A l’occasion d’une conférence à l’Université de Mons, le journaliste Ignacio Ramonet a qualifié la crise de la presse de « tchernobilisation » de l’économie des médias.

« Les rédactions explosent. Quels TV, radios et journaux vont survivre ? », a soulevé le journaliste Ignacio Ramonet à l’occasion d’une conférence donnée dans les locaux de l’Université de Mons.

Par rapport à la disparition de nombreux titres de presse, le journaliste rappelle qu’il n’y a « jamais eu d’âge d’or du journalisme. » Selon Ignacio Ramonet, la presse a toujours connu un sempiternel combat. « En démocratie, la presse s’est toujours battue contre les pouvoirs politiques et l’argent », a-t-il précisé.

Ignacio Ramonet, ancien directeur du mensuel Le Monde Diplomatique, a publié le livre L’explosion du journalisme. Des médias de masse à l’explosion des médias aux éditions Galilée.

Près de 250.000 emplois ont été perdus dans la presse américaine au cours des cinq dernières années. Ignacio Ramonet a constaté aussi que « des journaux ont réduit leur surface papier pour développer davantage leur site Internet. » L’ancien directeur duMonde diplomatique a mentionné Internet comme l’une des causes du péréclitement de la presse écrite.« Internet serait comme une météorite arrivée sur la planète média et qui provoque une extinction massive. », a-t-il illustré. Le conférencier a cependant insisté sur la persistance du journalisme : « Il y a des niches qui sont apparues et dans lesquelles il y a moyen de faire de nouveaux types de journalisme. »

Les changements structurels dans les sphères médiatiques ne sont pas seulement imputables au Web. Ignacio Ramonet a constaté « une consanguinité de la presse avec les politiques » et n’a pas hésité à remettre sur la table l’affaire DSK. 84% des français ont estimé que l’entretien de DSK avec Claire Chazal – amie d’Anne Sinclair – sur TF1 ressortait de l’invraisemblable.

L’arrivée de Wikileaks n’est pas passée inaperçue aux yeux d’Ignacio Ramonet. Avec le journalisme d’investigation, « nous pensions être bien informés et pourtant Wikileaks nous a montré le contraire. » Les révélations de Wikileaks  n’ont pas été acceptées similairement dans les milieux journalistiques. Pour beaucoup, ce qu’a fait Wikileaks se résume à un simple vol d’informations. « Un individu qui veut révéler une illégalité fera preuve de citoyenneté en la divulguant », a clamé Ignacio Ramonet. Il a également insisté : « Révéler ce qui est caché est le propre du journalisme. »

Questionné à propos du journalisme de demain, Ignacio Ramonet n’a pu répondre qu’une chose : « Il n’y a jamais eu autant de diplômés qu’à notre époque. Par conséquent, nos sociétés seront toujours en demande d’une information qui va en profondeur et fait fi des instincts des gens, quelque soit la technologie. »

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