En 20 photos, le Grand Casablanca à l’aube du changement

(Reportage photo initialement publié sur Apache en Français le 20 février 2013)

Le Maroc a l’ambition de changer le visage d’une de ses principales villes: Casablanca, ainsi que celui de toute sa région. Soumise à une forte pression démographique, cette partie du littoral marocain a été repensée par les autorités du pays. Mohammedia, considérée comme la ville secondaire de Casablanca, compte une dizaine de quartiers cibles qui bénéficient de ce projet de réaménagement urbain.

Derb Marrakech est l’un d’eux. Au premier coup d’oeil, il ressemble à n’importe quel quartier populaire du Grand Casablanca: les problèmes liés
 au chômage, à l’analphabétisme, au faible niveau de scolarisation, à la criminalité et à l’insalubrité de beaucoup de bâtiments ne sont pas rares.

Ces maux
 ont beau
 être nombreux, certains habitants gardent toujours foi en leur capacité de changement. En assurant une relative stabilité de vie, leurs efforts se répercutent à l’ensemble du quartier. Les Derb Marrakchis rêvent de voir 
un jour leur quartier devenir aussi florissant que la ville de Marrakech.

1. Toutes les maisons de Derb Marrakech sont construites selon la trame de l’architecte françaisMichel Ecochard. Le Protectorat français a fait appel à lui au lendemain de la seconde guerre mondiale afin de trouver une solution à l’afflux massif de nouvelles populations fuyant la campagne. Aujourd’hui, les habitations ont perdu leur cachet d’antan. Elles abritent toutes les générations d’une seule famille.

Une rue dans le Derb Marrakech, Maroc. (Photo: Benoît Theunissen, 2012)

Une rue dans le Derb Marrakech, Maroc. (Photo: Benoît Theunissen, 2012)

2. La revitalisation des habitations 
reste une priorité majeure pour les associations du quartier. Les frais
 de chantier sont principalement couverts par la société civile. Une participation financière marginale 
est demandée aux propriétaires des maisons restaurées. Malgré tout, certains habitants ont des réticences à débuter un tel processus.

Quatre hommes dans l'embrasure d'une porte, Derb Marrakech. (Photo: Benoît Theunissen, 2012)

Quatre hommes dans l’embrasure d’une porte, Derb Marrakech. (Photo: Benoît Theunissen, 2012)

3. La rue demeure un lieu de vie incontournable. Des bruits de jeux d’enfants, qui n’ont pas d’autres endroits pour s’épanouir, y résonnent du matin jusqu’au soir.

Trois enfants jouent à vélo dans la rue, Derb Marrakech. (Photo: Benoît Theunissen, 2012)

Trois enfants jouent à vélo dans la rue, Derb Marrakech. (Photo: Benoît Theunissen, 2012)

4. Les conditions de travail sont dures pour Abdelkader. Nombre de citoyens cherchent des petits boulots et les possibilités ne manquent pas. Certains choisissent de veiller sur les voitures la nuit, d’autres préfèrent tenir un kiosque, ou d’autres encore deviennent marchands ambulants.

Un homme cuisine derrière une échoppe ambulante, Derb Marrakech. (Photo: Benoît Theunissen, 2012)

Un homme cuisine derrière une échoppe ambulante, Derb Marrakech. (Photo: Benoît Theunissen, 2012)

5. Les autorités de Mohammedia organisent chaque année des réunions avec la société civile. Ces réunions s’inscrivent dans l’application du Schéma directeur d’aménagement urbain de la région du Grand Casablanca (SDAU), un programme qui ambitionne de préparer la région aux défis urbains de demain.

Une réunion de quartier dans le cadre de l'application du schéma directeur d'aménagement urbain, Derb Marrakech. (Photo: Benoît Theunissen, 2012)

Une réunion de quartier dans le cadre de l’application du schéma directeur d’aménagement urbain, Derb Marrakech. (Photo: Benoît Theunissen, 2012)

6. Les associations actives dans les quartiers populaires sont toujours
 à la recherche de partenariats. Ici,
 à Marrakech, Younes, le président de l’association Derbna, rencontre les représentants d’une association de ferronniers. Les partenariats sont indispensables en raison du peu de moyens.

Trois hommes du monde associatif du quartier discutent afin de mettre en place de futures collaborations, Derb Marrakech. (Photo: Benoît Theunissen, 2012)

Trois hommes du monde associatif du quartier discutent afin de mettre en place de futures collaborations, Derb Marrakech. (Photo: Benoît Theunissen, 2012)

7. Les habitants de Derb Marrakech désertent les magasins de leur quartier. Ils s’approvisionnent au marché permanent voisin, la joutia, qui pratique des prix plus compétitifs.

Un marchand de volailles derrière son étale, Derb Marrakech. (Photo: Benoît Theunissen, 2012)

Un marchand de volailles derrière son étale, Derb Marrakech. (Photo: Benoît Theunissen, 2012)

8. Hicham est considéré comme l’artiste du quartier. D’abord formé aux arts traditionnels marocains, 
il offre aujourd’hui ses talents aux commercçants et habitants de Derb Marrakech, bien souvent gratuitement.

Hicham travaillant sur une vasque, Derb Marrakech. (Photo: Benoît Theunissen, 2012)

Hicham travaillant sur une vasque, Derb Marrakech. (Photo: Benoît Theunissen, 2012)

9. Abdellatif est le coiffeur du quartier. Son père tenait déjà le salon qu’il occupe aujourd’hui. Il profite d’un ancien contrat de bail et travaillait encore sans eau courante ni électricité jusqu’il y a peu. Abdellatif arrive tout juste à subvenir à ses besoins.

Abdellatif discute dans son salon de coiffure, Derb Marrakech. (Photp: Benoît Theunissen, 2012)

Abdellatif discute dans son salon de coiffure, Derb Marrakech. (Photp: Benoît Theunissen, 2012)

10. Aziz prend place au même endroit, chaque soir, après le coucher du soleil. Il vend des cigarettes au détail en bord de rue. Comme seul repas, il boit le soir un yogourt et un café.

Aziz assis dans un café, Derb Marrakech. (Foto: Benoît Theunissen, 2012)

Aziz assis dans un café, Derb Marrakech. (Foto: Benoît Theunissen, 2012)

11. Fréquentées par de nombreux adolescents en décrochage scolaire, les salles de jeux sont à la fois proscrites par la loi marocaine et par la religion musulmane. Même si les jeux proposés ne sont pas des jeux d’argent, ils peuvent devenir sources de paris. Toutefois, les autorités ne sont pas dupes de l’existence de ces lieux. Elles ferment les yeux.

Une personne devant une console de jeux, Derb Marrakech. (Photo: Benoît Theunissen, 2012)

Une personne devant une console de jeux, Derb Marrakech. (Photo: Benoît Theunissen, 2012)

12. Une promenade nocturne dans les rues des quartiers populaires de Mohammedia peut révéler un symptôme d’une génération: le haschich.

Un jeune homme fume du haschich, Derb Marrakech. (Photo: Benoît Theunissen, 2012)

Un jeune homme fume du haschich, Derb Marrakech. (Photo: Benoît Theunissen, 2012)

13. La télévision est omniprésente, quelles que soient les habitations 
et les différences sociales. Les chaînes arabes rythment la vie quotidienne de tous les foyers, À l’extérieur dans les quartiers plus aisés, on préfère les chaînes françaises.

Une femme, de dos, tournée vers son écran de télévision, Derb Marrakech. (Photo: Benoît Theunissen, 2012)

Une femme, de dos, tournée vers son écran de télévision, Derb Marrakech. (Photo: Benoît Theunissen, 2012)

14. Sept heures du matin précises. Issam attend assis dans la rue les jeunes qui, comme lui, ont choisi un job de vacances dans la revitalisation de leur quartier. Un travail encadré par une association locale.

Issam assis sur le bord d'un trottoir, Derb Marrakech. (Photo: Benoît Theunissen, 2012)

Issam assis sur le bord d’un trottoir, Derb Marrakech. (Photo: Benoît Theunissen, 2012)

15. Les jeunes de Derb Marrakech trouvent une échappatoire dans 
le sport. Ils profitent d’installations aujourd’hui vétustes, construites à l’époque du Protectorat français. Ce terrain de sport rentre normalement dans le cadre du Schéma directeur d’aménagement urbain de la région du Grand Casablanca. Un budget devrait être alloué à sa modernisation. Reste à savoir qui va s’en occuper.

Un terrain de sport dans le Derb Marrakech. (Photo: Benoît Theunissen, 2012)

Un terrain de sport dans le Derb Marrakech. (Photo: Benoît Theunissen, 2012)

16. Des enfants tiennent un petit commerce en bord de rue. C’est
 une habitude pour les jeunes enfants d’imiter l’épicier du coin. Les périodes de fêtes, comme ici le Ramadan, sont propices à ces petits commerces.

Des enfants jouent à l'épicier, Derb Marrakech. (Photo: Benoît Theunissen, 2012)

Des enfants jouent à l’épicier, Derb Marrakech. (Photo: Benoît Theunissen, 2012)

17. Cette femme épaule son mari dans son activité professionnelle. Elle lave les pattes de boeuf passées dans le feu pour en ôter les poils. Elles seront vendues pour ensuite servir de repas. La  majorité des femmes reste normalement à la maison.

Une femme nettoie des pattes de boeuf, Derb Marrakech. (Photo: Benoît Theunissen, 2012)

Une femme nettoie des pattes de boeuf, Derb Marrakech. (Photo: Benoît Theunissen, 2012)

18. A quatorze ans, Nabil a toujours habité Derb Marrakech. Tout comme lui, les jeunes ne sortent que rarement de leur quartier natal. Ici, à Marrakech, son regard curieux se pose sur tout ce qui l’entoure.

Nabil entouré de chaussures, Derb Marrakech. (Photo: Benoît Theunissen, 2012)

Nabil entouré de chaussures, Derb Marrakech. (Photo: Benoît Theunissen, 2012)

19. Mustapha habite Derb Marrakech, mais il tient une echoppe dans un quartier populaire voisin. On peut se demander comment il arrive à vendre ses vieux stocks d’audio. Et pourtant, il parvient à réaliser un bon chiffre d’affaires journalier. Avec une politique de micro-credits et des conseils en gestion, l’economie locale pourrait croître et se diversifier.

Mustapha dans son commerce, Derb Marrakech. (Benoît Theunissen, 2012)

Mustapha dans son commerce, Derb Marrakech. (Benoît Theunissen, 2012)

20. Aziz vit en marge de la société. Ses journées, il les passe dans la rue et dans des petits boulots lorsqu’il en trouve. Il n’a pas de papiers d’identité. S’en procurer n’est pas une dépense prioritaire, il lui faut d’abord survivre. Les zones de vie comme Derb Marrakech sont des quartiers touchés par l’exclusion sociale.

Aziz dans le Derb Marrakech. (Photo: Benoît Theunissen, 2012)

Aziz dans le Derb Marrakech. (Photo: Benoît Theunissen, 2012)

Diary of a journalistic week at the European parliament of Strasbourg

Photography by Benoît Theunissen (All rights reserved)

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A European week in picture

A lonely guy demonstrating above the Luxemburg station (in front of the EU parliament). Three police cars and one fire truck to handle with him.

A lonely guy demonstrating above the Luxemburg station (in front of the EU parliament). Three police cars and one fire truck to handle with him.

José Bové, green europdeputyt, met the demonstrators of the Slow Food March.
José Bové, green europdeputy, met the demonstrators of the Good Food March.
Isabelle Durant, green eurodeputy and vice-president of the EU parliament, met the demonstrators of the Slow Food March.

Isabelle Durant, green eurodeputy and vice-president of the EU parliament, met the demonstrators of the Slow Food March.

Good Food March

Good Food March

Good Food March

Good Food March

Daniel Cohn Bendit (green eurodeputy) at a press conference about the Common reform.

Daniel Cohn Bendit (green eurodeputy) at a press conference about the Common Agricultural Policy reform.

Father Paolo at a press conference about Syria

Florennes International Air Show

Motards en colère, Bruxelles, le 28/04/2012 / Source: Benoît Theunissen

Vrombissements de colère à Bruxelles

Des bruits de moteurs et de klaxons ont résonné aujourd’hui dans les rues de la capitale européenne. Entre 1000 et 1400 motards ont chevauché leurs plus belles bécanes aussi bruyantes les unes que les autres. Ils reprochent à l’Union européenne de devenir « motophobe ». Ils se sont opposés au « contrôle technique moto » et autres « obligations absurdes », selon la F.B.M.C., la Fédération Belge  des Motards en Colère. La F.B.M.C. revendique également une « vraie prise en compte des motards dans les infrastructures » ainsi qu’une « vraie sécurité constructive ».

(Reportage photo)

Session de street photography à Rabat

Journal de bord d’un apprenti reporter TV

Le master en journalisme de l’IHECS comprend une bonne part de cours pratiques dans son programme. Durant trois semaines, les étudiants ont suivi un « cours bloc TV ». Du matin jusqu’au soir – ou plutôt jusqu’au milieu de la nuit- ils ont fait leurs premières armes avec le média audiovisuel. Reportages, sessions de montage et présentations de journaux télévisés se sont enchaînés à un rythme soutenu.

 

Contre ACTA

Une centaine de personnes se sont réunies samedi 11 février 2012 sur les marches de la Bourse de Bruxelles pour exprimer leur mécontentement avec le traité ACTA (Accord commercial anti-contrefaçon). Reportage photo.

Alea ACTA est?

Près de 200 personnes se sont rassemblées samedi à la Bourse de Bruxelles pour dénoncer les excès d’ACTA, l’accord commercial anti-contrefaçon. La manifestation a eu lieu deux jours après que l’Union européenne et ses partenaires ont officiellement franchi une nouvelle étape dans l’élaboration de l’accord, à Tokyo. La fermeture récente du site de partage Megaupload a également nourri la contestation.

Manifestation contre ACTA - 28/01/2012, Bruxelles / Source: Benoît Theunissen

La plupart des manifestants arboraient le masque du film « V for vendetta », symbole assimilé aux Anonymous. Ils ont voulu exprimer leurs vives inquiétudes sur les conséquences d’ACTA en matières de liberté d’expression, d’échange des données sur les médicaments génériques et de partage de la culture.

Concrètement, l’accord prévoit que  les fournisseurs d’accès à Internet agissent comme une police sur leurs propres réseaux. Et cela, à la demande de l’industrie du cinéma et de la musique. Si l’accord ACTA venait à être ratifié, tous les fournisseurs d’accès devraient alors contrôler l’activité en ligne de chacun de leurs abonnés. Chaque paquet de données serait « ouvert » et analysé afin de détecter tous les contenus illégaux échangés. Les opposants d’ACTA signalent l’incompatibilité de cet accord avec les fondamentaux démocratiques et indiquent qu’il menace les libertés fondamentales.

Manifestation contre ACTA - 28/01/2012, Bruxelles / Source: Benoît Theunissen

La mise en application d’ACTA provoquerait un transfert de certaines compétences judiciaires vers le privé. L’article 27.3 de l’accord fait mention à des « coopérations » entre les ayants droits et les fournisseurs d’accès à Internet. Le travail de surveillance et de collecte des preuves qui incombe à la police passerait aux mains de privés. Il en irait de même au niveau des sanctions. Le droit à un procès équitable ne serait donc plus d’actualité.

Manifestation contre ACTA - 28/01/2012, Bruxelles / Source: Benoît Theunissen

L’article 27.4 permettrait, quant à lui, aux ayants droits de se procurer les données privées des utilisateurs de la Toile. Les informations leur seraient envoyées par les fournisseurs d’accès à Internet. Chose encore plus alarmante puisque cela se déroulerait sans l’avis préalable d’un juge.

Et cerise sur le gâteau, l’accord commercial anti-contrefaçon pourrait régulièrement être modifié après sa ratification. Un « Comité ACTA » serait mis sur pieds, selon l’article 36. Il aurait donc pour mission de rectifier le texte de l’accord après le vote final. Jusqu’à preuve du contraire, il s’agirait d’une première dans ce genre de mécanismes faisant fi des principes démocratiques.

Manifestation contre ACTA - 28/01/2012, Bruxelles / Source: Benoît Theunissen

Kader Arif, rapporteur du traité au Parlement européen, a directement démissionné suite à la signature de l’UE à la nouvelle étape de l’élaboration de l’accord. Dans un entretien qu’il a donné au pure player OWNI, il n’hésite pas à parler de « mascarade ». Il perçoit dans l’accord un déséquilibre entre la protection des ayants droits et la protection des citoyens. « ACTA va trop loin », a-t-il confié au journal en ligne français.

De son côté, la Commission européenne dément sur son site web toute volonté de « vérifier ou surveiller les communications privées sur Internet et de censurer des sites. » Elle insiste également que l’accord ACTA « ne changera pas la législation existante de l’Union européenne (…) ne créera pas un nouveau droit sur la propriété intellectuelle. »

Nombre de cas de contrefaçons aux frontières européennes

Un cas représente une interception par les douanes de l'UE. Chaque cas contient un certain nombre d'articles qui peuvent varier de un à plusieurs millions et peut contenir des articles de différentes catégories. / Source: Europa.eu

L’UE soutient ACTA dans le but de « protéger des emplois en Europe. » Toujours sur son site Internet, la Commission affirme que l’Europe perd annuellement €8 milliards par an à cause des marchandises contrefaites qui inondent son marché.

La procédure de ratification de l’accord commercial anti-contrefaçon nécessite un vote final au Parlement européen. Il devrait avoir lieu au plus tôt en juin 2012. Des manifestations se sont déroulées ces derniers jours à travers l’Europe. Une pétition internationale sur AVAAZ.org – actuellement en cours – a déjà récolté plus de 800.000 signatures.

Manifestation contre ACTA - 28/01/2012, Bruxelles / Source: Benoît Theunissen

Pour aller plus loin: