Kosovo: affrontements et malaise diplomatique

(Billet initialement publié le 28/09/2011 sur davanac.net)

Une bombe artisanale a blessé quatre soldats de la KFOR ce mardi dans le Nord du Kosovo. L’incident a dégénéré  à la suite d’un démantèlement de barricades composées de graviers et de matériaux de récupération, installées par des serbes au poste frontière de Jarinje.

Sept serbes ont également été blessés lors de la reprise du poste par les militaires de l’OTAN. Milan Jakovljević, directeur de l’hôpital de Mitrovica nord (une enclave serbe du Kosovo), affirme que sept ressortissants serbes blessés au poste de Jarinje ont reçu des soins dans son institution.

Selon l’agence Beta, à qui des serbes présents au poste frontière se sont confiés, les soldats de la Kfor auraient fait preuve de violence,  utilisant des gaz lacrymogènes et allant meme jusqu’à ligoter des jeunes nationalistes mêlés à la contestation.

« Les Serbes ont lancé des pierres sur les soldats allemands de la Kfor, qui ont riposté par des tirs de balles en caoutchouc .»

Cette affirmation va à l’encontre de ce qu’a declaré Kai Gudenoge, porte-parole adjoint de la Kfor: « Les Serbes ont lancé des pierres sur les soldats allemands de la Kfor, qui ont riposté par des tirs de balles en caoutchouc .»

La région nord du Kosovo en grande instabilité

Ce dernier accrochage qui a eu lieu dans la région nord du Kosovo entre des  serbes et des soldats de l’OTAN ne surprend pas. Cette région économiquement sinistrée est majoritairement habitée par des serbes. Elle échappe encore au pouvoir de Pristina au profit de Belgrade qui  y développe des institutions parallèles. Ce qui s’est produit mardi  à Jarinje s’inscrit dans la continuité d’une série d’affrontements ne faisant que rappeler ceux de juillet dans la même zone.

Des discussions diplomatiques sensibles

L’évènement de mardi n’a pu que raviver les relations diplomatiques (déjà fragiles)  entre Belgrade et Pristina. Des incidents du même type avaient déjà eu lieu durant les mois d’été. Ils avaient rendu bancal le lent processus de dialogue entre la Serbie et le Kosovo, sous l’égide de l’Union Européenne à Bruxelles. La reprise des discussions diplomatiques devait normalement avoir lieu le 20 juillet, mais a finalement été repoussée à début septembre. Pristina s’était engagée à ne pas mettre sur la table le sujet de la région nord du Kosovo. Toutefois, les troubles d’hier renforcent l’idée que la situation réelle de cette zone jouera un rôle majeur dans le dialogue entre les deux pays.

Les partis de l’opposition nationaliste ont gagné depuis quelques mois davantage de contrôle dans la zone nord du Kosovo au détriment des autorités serbes. Belgrade a perdu son emprise sur les multiples barricades du Nord du Kosovo. Par conséquent, les maires de Mitrovica, Zvečan et Zubin Potok ont activement demandé la démission de Borislav Stefanović, le leader du groupe serbe des négociations à Bruxelles.

Un embargo comme “mesure de réciprocité”

Le pouvoir kosovar a instauré le 20 juillet dernier un embargo sur les produits importés de Serbie. Cette décision a été prise en réponse à l’embargo de Belgrade sur tous les produits en provenance des douanes du Kosovo. Ce premier embargo serbe a directement succédé à la proclamatation d’indépendance du Kosovo en février 2008.

«revenir à une diplomatie prudente et de confiance. Toute le reste ne fera qu’empirer les choses. »

Trois ans après l’indépendance proclamée par Pristina, Belgrade refuse toujours de reconnaitre la souveraineté du Kosovo. La longue suite des récents affrontements dans le Nord du pays reste l’une des principales pierres d’achoppement dans le dialogue serbo-kosovar. Comme l’a déclaré Carl Bildt, l’actuel ministre suédois des affaires étrangères, sur son compte twitter, il faudrait «revenir à une diplomatie prudente et de confiance. Toute le reste ne fera qu’empirer les choses. »

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