Dans l’attente d’une résolution européenne sur Gaza

Depuis le Parlement européen de Strasbourg

La situation dans la Bande de Gaza est au cœur de plusieurs discussions tenues cette semaine au parlement européen de Strasbourg.  La parlement tiendra un vote en début d’après-midi pour aboutir à une résolution sur la question de Gaza.

La diplomatie européenne est-elle tombée en rade ? C’est en tous les cas une question que l’on se pose cette semaine dans les couloirs du parlement européen de Strasbourg.

Dès mardi matin, les différents groupes politiques européens ont tenu chacun des briefings à la presse à tour de rôle. Tous se sont positionnés en faveur d’un cessez-le-feu durable.

Un débat s’est déroulé hier après-midi dans l’hémicycle du parlement. En même temps que les discussions avaient lieu, un cessez-le-feu était annoncé entre Gaza et Israël. Une nouvelle optimiste suite aux efforts diplomatiques de l’Egypte.

Cathy Ashton, la Haute Représentante de l’Union pour les affaires extérieures, devait tenir un discours devant l’assemblée des eurodéputés. Elle s’est finalement fait remplacée par la ministre chypriote des affaires étrangère, madame Erato Kozakou-Markoullis.

Quelques conclusions des discussions

De nombreux groupes politiques comme les Verts et l’Alliance Progressiste des Socialistes et Démocrates ont vivement insisté sur l’importance de la reconnaissance de la Palestine à l’ONU.

Daniel Cohn Bendit (co-président des Verts) s’est déclaré en faveur d’une levée du blocus sur Gaza. Il s’est exprimé ainsi : « S’il n’y a pas de levée du blocus de Gaza et cela sous le contrôle de Gaza, il n’y a pas de possibilité d’avenir. » Se pose alors le problème du contrôle d’éventuels apports d’armes dans la Bande de Gaza par la mer. Une question soulevée par le Groupe des Conservateurs et Réformistes.

 L’urgence de trouver une solution durable et son intérêt pour l’UE

Joseph Daul, président du PPE, a insisté sur l’importance pour l’UE de trouver une solution lors d’une conférence de presse tenue mardi dernier. « On doit tout faire pour avoir cette paix car ça dépasse Gaza. Vous savez que l’Iran se trouve derrière et que tous ces mouvements qui se passent à Gaza ce n’est pas sans répercussions sur ce qui va se passer dans le monde.“ L’eurodéputée belge Véronique De Keyzer (S&D) rappelle quant à elle la responsabilité de l’Europe dans cette affaire : “C’est notre histoire européenne et nous ne pouvons pas en faire payer le prix aux palestiniens. (…) Les victimes n’avaient pas à payer le prix de notre histoire. » 

Une résolution ne fait pas force de loi

Les journalistes présents à Strasbourg attendent encore le résultat du vote de la résolution. Notons toujours qu’une résolution du parlement européen n’est pas obligée d’être respectée par les ministres et autres autorités exécutives. On ne peut s’attendre qu’à une série de conclusions. La diplomatie européenne risque donc une fois de plus de ranger l’UE au rang de spectateur plutôt qu’acteur. 

Dans le passé, la diplomatie européenne n’hésitait pas à réagir activement face aux conflits mondiaux. Elle se mettait en action par des équipes de négociations envoyées sur le terrain et des convocations voire des rappels d’ambassadeurs. Ces méthodes n’ont jamais stoppé une guerre, mais ont eu le mérite de chercher des solutions et d’affirmer l’UE sur la scène internationale.

Anecdote de journaleux: échauffement made in UK

En direct de Strasbourg

Tous mes remerciements au journaliste britannique qui a interviewé Daniel Cohn Bendit (co-président des Verts européens) quelques secondes pour me l’avoir chauffé à la bonne température avant que ne vienne mon tour de poser mes questions. Pour écouter le petit échauffement made in UK (même si Daniel Cohn Bendit n’a pas vraiment besoin d’échauffement en règle générale) :


GAZA: positions des groupes politiques européens

Compte rendu en direct de Strasbourg

Les responsables des groupes politiques européens, accompagnés de leur attachés de presse, ont tenu chacun à leur tour un briefing devant les journalistes accrédités à l’UE ce mardi à Strasbourg. Ils y ont présenté les positions qu’ils tiendraient durant la séance plénière de cette semaine. L’affaire de Gaza a alimenté chacune des conférences de presse. Faisons un rapide tour d’horizon des points de vue politiques avant la prochaine déclaration de Catherine Ashton, Haute Représentante de l’Union pour les affaires étrangères, à propos de Gaza ce mercredi devant l’assemblée des parlementaires européens.

Les Socio-démocrates (S&D)

L’UE doit appuyer l’initiative Egyptienne dans la recherche d’un cessez-le-feu durable. Ce n’est pas en envoyant des roquettes sur des villes israéliennes que la sécurité des habitants de Gaza va s’améliorer. Les socio-démocrates considèrent qu’il est temps que le Hamas commence à travailler avec l’Egypte en faveur d’un cessez-le-feu.

Extrait Hannes Swoboda (vice- president S&D):

« Le rôle de l’UE doit être de soutenir l’Egypte. L’Egypte est pour le moment le seul agent capable de  convaincre le Hamas pour un cessez-le feu. Il y a une relation idéologique entre le Hamas et les Frères Musulmans. C’est pourquoi l’Egypte doit agir maintenant avec le soutien de l’UE. »

 Briefing des verts

Tant qu’il n’y aura pas de perspective réelle pour les palestinien, ce seront les forces les plus violentes qui auront le dernier mot. Il y a urgence pour la reconnaissance immédiate de l’Etat palestinien par l’ONU.

 Extrait de Daniel Cohn Bendit (Co-président Verts) :

A propos de l’éventualité de l’UE d’influer sur Morsi « C’est l’une des solutions nécessaires. Vous êtes un joueur d’échec et vous avancez un pion. Vous vous demandez si c’est la stratégie gagnante. Aujourd’hui, personne ne sait qui peut influencer Israël. Aujourd’hui, c’est Morsi qui essaye d’avoir une influence sur le Hamas à Gaza. Les américains ont une influence sur Israël de ne pas lancer une offensive terrestre et de chercher un compromis pour le cessez le feu. Mais si c’est un cessez-le-feu qui n’entre  pas dans une perspective réelle, c’est à dire la reconnaissance de l’Etat palestinien par l’ONU, vous aurez un cessez-le-feu qui durera trois mois ou un an, mais on se retrouvera dans la même situation dans un an. Tant qu’il n’y aura pas une perspective pour les palestiniens, on sera toujours dans cette spirale de la violence où on est toujours en train de se demander si c’est la poule qui était là avant l’œuf ou l’œuf qui était là avant la poule. »

 Extrait de Rebecca Harms (co-présidente Verts) :

« Cela fait depuis longtemps qu’au sein des Verts nous avons des points de vue différents à propos d’Israël et de la Palestine. Les allemands, pour des raisons historiques et pour de très bonnes raisons, voient toujours la nécessité de reconnaître une situation difficile de l’Etat d’Israël et des gens qui y vivent. Ce la n’empêche pas notre position de la situation conflictuelle actuelle à Gaza.  Le conflit est alimenté des deux côtés. Le bombardement d’Israël n’est pas une bonne réaction aux tirs de roquettes du Hamas vers les villes israëliennes. Ce dont nous avons besoin maintenant, c’est d’u cessez-le-feu. »

 Briefing du PPE 

Le PPE plaide pour le vote d’une résolution. Un débat sans résolution n’est pas possible. Il faut une résolution qui condamne la violence.

 Extrait Joseph Daul (président PPE) :

En réponse à ce que peut faire l’UE pour avoir la paix: «  On doit tout faire pour avoir cette paix car ça dépasse Gaza. Vous savez que l’Iran se trouve derrière et que tous ces mouvements qui se passent à Gaza ce n’est pas sans répercussions sur ce qui va se passer dans le monde. Nous avons donc tout intérêt à travailler avec nos services diplomatiques et avec nos services extérieurs pour garder cette paix dans cette région, une paix qui est très vulnérable. »